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Je suis une maladie à taille humaine

5 mars 2014

Elle s'est réveillée d'un coma... de 12ans!!

hands man and god

Je suis en vie.


J'ai l'impression encore d'être dans un brouillard étrange. Mais je reprends mes esprits. Petit à petit.

Je ris, je vis, je pleure. Mais tout va bien. Même si ouvrir les yeux n'est pas facile... Après 12ans de coma.
C'est difficile de comprendre que l'on a perdu la fin de son enfance et toute l'adolescence dans une sorte de non-vie. J'aimais. J'avais. J'étais. Aujourd'hui, je dois tout reconstruire. Parce que durant ce noir permanent, j'ai appris qu'à détruire mes fondations. A détruire tout espoir. A me détruire tout court aussi. Je n'ai pas vu tout ce qu'il y avait autour... J'aimerais tellement n'avoir aucun souvenir de ce vide absolu. Pourtant, depuis mes 11ans, les souvenirs tristes s'enchainent. Je ne ferais pas la liste, trop exhaustive. Je veux juste vivre l'instant présent. Face à la vie et ce qu'elle me réserve.
Je suis tombée, il y a peu, sur une phrase que j'avais écrit vers 15ans et qui m'a un peu choquée "j'ai peur de me réveiller un matin et d'avoir trente ans. Que l'innocence soit finie". Je n'ai pas 30ans. Seulement bientôt 23ans. Mais voila, je me suis réveillée... Je ne saurais pas dire réellement pourquoi. Peut être par prise de conscience que l'âge que je vais atteindre est celui où l'on ne nous considère plus comme un "jeune"... Je ne trouve pas les mots... Ceux qui sont passés par là comprendront peut être. Mais franchement, avoir 23ans c'est comme en avoir 35 ou même 49ans. On est ADULTES! L'âge n'est donc plus une préoccupation pour les autres. On devient peut être une personne plutôt que d'être un âge. Mais quoi qu'il en soit, la peur est bien présente. Je n'ai jamais accepté d'entendre le mot "adulte". C'est un peu comme arrêter d'appeler son enfant "bébé", c'est une image qui reste à vie. J'accepte de grandir, mais les stéréotypes, ou même carrément les noms de maladie, ça non, j'en veux pas moi!

Je suis sauvée. On m'a sauvée. Lorsque j'étouffais, j'avais comme des machines qui me tenaient en vie. Lorsque je pissais le sang, j'avais des poches externes pour ne pas que je me vide complètement. Et lorsque j'ai voulu m'accrocher à la mort, j'avais des personnes qui m'ont tendue les bras vers la vie. Très peu sont restés. Malgré tout, je n'oublie personne. Car chaque personne sur mon chemin m'a amenée à mon retour à la "vrai" vie.

Je ne sais pas si cette sensation est passagère, si étrange soit-elle. Mais moi je veux y croire.


Je veux une seconde chance.

La vie est à moi, est à nous : alors vivons!


* Petit Humaine * a rejoint la lumière...!

 

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23 février 2014

Où est mon arme?

Je ne sais plus où j'en suis. Et cela m'attriste plus que jamais.

petite-peluche-perdue

 

Quand quelqu'un est gentil, j'ai toujours peur que ça ne soit que pour intérêt. Et quand quelqu'un est méchant, je pense qu'il veut simplement que je continue ma descente aux enfers. Vers la mort, simplement.
A croire que personne ne veut mon bonheur. On se soucis de moi, l'espace d'un instant. Puis on oublie. Et moi je rentre sagement dans ma prison dorée aux barreaux imaginaires. Je ne sais plus quoi faire.
J'aimerais vraiment réussir à m'ouvrir aux autres. A faire comme les jeunes de mon age. C'est à dire sortir, rire, boire, fumer, vivre. Même si parfois ces derniers doivent être en excès. Honnêtement, je m'en fous un peu de ma santé ou des conséquences que ça peut avoir. Je veux juste être dans le moule. Cesser d'être différente. Et cesser d'en souffrir. Mais à la place de m'ouvrir, ne serais-ce qu'un petit peu, je continue de cadenacer ma vie. A ne faire rentrer qu'un minimum de personne à l'intérieur. Histoire de ne pas (trop) souffrir. 
On est dans un monde de consommation. Mais aussi de consommation d'un nombre de personnes. Ou d'amis. Il n'y a qu'à regarder les effets de Facebook. Les gens qui vous ajoutent n'ont partagés, le plus souvent, que des souvenirs éphémères, mais surtout très courts. Ce sont des copains, des connaissances. Mais combien d'entre eux font partie de votre cercle d'amis? Vous avez honte? Honte de ne pas avoir assez "d'amis" pour paraître bien en société? C'est devenue une mode. Un monde de curieux aussi, où tout le monde veut tout savoir. Tout prendre de nous. Je fais partie de ces gens là, je ne m'en cache pas. Mais chaque jour, je regrette un peu plus ma vie d'avant. Celle où tout était plus simple. Parce que oui, sur MSN, tout le monde s'en fichait du nom de personne avec qui l'on correspondait. On avait des discussions privées. Pas publics comme elles le peuvent être aujourd'hui. Je cherche juste les réels amis dans mon Facebook... J'en ai certains. Très peu. Très très peu. Trop peu peut être? D'où mon sentiment de solitude extrême. Mais c'est ainsi. Je suis seule. Je suis seule avec moi. Et à force de trop penser, seule, je réponds moi-même à mes questions.
J'ai cessé de faire confiance. Du moins, ma confiance est difficile à obtenir. Parce que mon passé est lourd. Mon présent encore trop douloureux. Et mon futur incertain. Que ça ne plaise, ou non. Je pense aussi que c'est une qualité, bien qu'handicapante. Mais j'arrive très vite à cibler les gens. Je sais exactement ce qu'ils pourraient m'apporter, et ce qui pourrait me détruire. Mais j'arrive surtout à sentir les gens qui n'auront que des effets négatifs sur moi. Ceux qui font du mal aux autres, une fois que la confiance est installée.
Alors moi je me protège. Que ça plaise ou pas. Parce que j'ai eu ma dose de souffrance, je crois.
Malgré tout, une petite porte est ouverte. Celle qui s'appelle la "sociabilisation". Cette porte est en quelque sorte obligatoire. Du moins dans le monde du travail (et pour vaincre la solitude aussi). Et plus le temps passe, plus je deviens sociable. J'arrive, sur le monde du travail, à sourire, à être comme les autres. A être bavarde. Et à trouver des gens intéressant, qui sont là, sans trop m'étouffer. Du coup aller au travail n'est pas une corvée. C'est plutôt ma "recrée" après un temps de solitude et d'un dur travail contre l'ennui et la tristesse. Les gens sont différents, ont sensiblement mon âge, mais on ne partage pas notre intelligence, notre savoir ou autre. On partage juste. Pas besoin de mot. Les rigolades s'enchaînent. Les complicités avec. Certains de mes collègues arrivent même à me manquer! Alors je me laisse porter. Mais pour combien de temps? Je n'ai pas envie d'y penser. Ma bouffée d'oxygène est au travail. Et pour rien au monde je ne changerais cela.

Même si tout n'est pas noir, j'espère qu'un jour la lumière renaîtra. J'ai froid, seule...

Qui est l'ennemi? Es-tu un ami ou un ennemi? Qui dois-je défendre et qui dois-je attaquer? Ne sachant plus où est l'ennemi, je tirerai sur tout ce qui bouge.

20 février 2014

Parler à mon père

pere-et-fille

 

Mon père : ce héros.

Mon père a été la personne la plus à l'écoute et la plus compréhensive de mon enfance. Une enfance un peu complexe, mais heureuse. Je me suis toujours sentie en décalage, à l'écart des jeunes de mon age. J'ai donc préféré la présence d'adultes. Avec beaucoup de discussions, d'échanges. Et tellement moins d'ennuis. J'apprenais. J'avais juste envie d'en savoir plus. Le monde était tellement grand. Avec tellement de choses inconnues. Et donc beaucoup de choses à connaître. Je voulais être grande peut être, parce que on pense, à cet age, que "être adulte c'est trop cool" et que l'on pourra faire tout ce que l'on veut. 
A l'école, tout se passait bien niveau résultat. Sauf peut être un petit bémol. J'ai su lire très tôt. Mais personne ne s'en ai rendu compte. Je prennais des livres d'enfant dans ma chambre, et je les lisais, relisais. J'étais en soif de savoir. Mais je n'ai jamais réussit à lire à l'oral. Que ça soit en CP comme aujourd'hui, à 22ans! Je parrais étrange aux yeux des autres. J'ai subit des moqueries, ça oui. Pourtant j'ai toujours eu une compréhension parfaite. Je comprennais. Personne n'a jamais cherché à savoir pourquoi il y avait ce decalage, entre ce que je faisais parraître à l'oral, et ce que je donnais réellement à l'écrit. Je me rappelle même que ma mère m'enregistrait petite, pour me faire prendre conscience que je devais mieux lire. Elle l'a d'ailleurs refait lorsque j'ai passé les épreuves anticipées de français il y a quelques années. Je m'entendais, et je me faisais peur. Parce que je renvoyais une image de moi qui était différente de la réalité. Je sais lire! Mais je pense que c'est par timidité que je me suis tu. Ou peut être par refus. Je n'ai jamais mis de mots dessus.

Mon père a toujours un peu pensé comme moi, je fonctionnais un peu comme lui. Il était, comme chaque parent pour son enfant, un modèle. Avec ma soif d'apprendre, les autres ont eu peur. Mon père a été là. Il m'aidait, très jeune, à développer mon imagination. Les histoires écrites dans les livres, m'ennuyaient. Ou du moins me lassaient. C'était toujours sur le même modèle. Alors tous les soirs, mon père était au pied de mon lit, prêt, à m'inventer une histoire. Ca ne durait pas des heures, mais je me rappelle qu'il me disait "la suite demain". Je m'endormais donc rapidement, en attendant avec impatience le lendemain. J'ai toujours aimé inventer, créer, rêver. Mais j'avais une pensée assez folle. Tout défilait trop vite. Mon stylo ne suivait donc pas mon imagination. Et ça me frustrait. Je me sentais nulle. Je me rappelle des moqueries des gens de mon âge. Je posais trop de questions, je ne partageais pas les mêmes centres d'interet. Mais surtout (et ce que je n'oublierais jamais), cette remarque du fait qu'en 6ème, je parlais en "langage soutenu". Je n'ai jamais compris cette remarque. Mais comme je n'avais pas confiance en moi, je me suis identifiée aux autres. Et j'ai changé de façon de parler. C'était un choix entre deux souffrances : renoncer à une partie de moi-même et s'adapter à tout prix ou être exclue, rejettée. Cette décision était déjà toute tracée. Innocence.
Avec mon père, je partageais aussi la passion des mathématiques. J'adorais compter. Grâce à des amis plus agés ainsi qu'à mon père, j'avais deux ans d'avance sur le niveau de maths que l'on m'apprenait. Là encore, grosse frustation. Le décalage était bel et bien présent. Ca a duré jusqu'à la fin du collège. Au lycée, dépassée, je me suis laissée porter. Je n'arrivais plus à prendre de l'avance. Je me sentais perdre pied face au système scolaire. Et puis des milliers d'informations arrivaient en même temps. Le bac scientifique n'est pas dur, il faut juste suivre et comme on dit, apprendre au fur et à mesure. Moi qui ai toujours trouvé le système scolaire trop lent, je me suis retrouvée perdue. J'avais pourtant envie d'apprendre, mais mes problèmes psychologiques m'en empechaient. En temps qu'anorexique, j'avais soif de savoir oui. Mais la fatigue, le manque de concentration à cause du manque de nourriture est arrivé très vite. Je n'avais pas non plus la force de faire 4h de sport par jour. Trop de combats en même temps. Je me suis effrondrée.
Lorsque j'ai craqué et que j'ai pour la première fois consultée un psychiatre (après une psychologue qui me suivait déjà depuis quelques temps), mon père était en dépression. Je ne l'ai pas remarqué. Mais j'ai beaucoup culpabilisé. Pas dans le sens où je me rendais coupable de son état. Mais plutôt parce que cette maladie, c'était comme si on me volait une partie de moi. C'était MA maladie. Je ne sais pas si c'était inconscient, mais dès le diagnostique de l'état de mon père, j'ai chuté. Encore plus bas. J'ai commencé à prévoir des plans pour mourir. A me mutiler. A m'auto-détruire. Et puis l'histoire s'est fini mal. A l'hôpital

J'aimerais, parfois, être différente. Ce décalage me brise encore aujourd'hui. Pourtant je suis comme tout le monde, non? Toutes ces attaques répétées me font souffrir. Je ne sais pas comment m'en sortir. Ni comment comprendre ça. C'est fatiguant de se battre pour un mal qui n'existe pas. Ou du moins qui n'est pas perceptible.

C'est invivable. Je suis invivable. Pour moi-même en tout cas.

19 février 2014

Je n'aime pas mon corps

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"Je n'aime pas mon corps!"

 

Qui, à l'adolescence en tout cas, ne s'est jamais dit ça? Qui avouerait être satisfait de son corps, réellement? Qui n'a pas dans la tête de perdre ces 2 ou 3kg qu'ils se disent en "trop"?

On vit dans un monde où personne n'est satisfait. On a presque tout ce que l'on veut, facilement, alors on en demande plus.
Et moi la première. J'ai une chance énorme d'avoir (pratiquement) tout ce que je veux, et tout de suite surtout. Parce que moi, je ne sais pas attendre. Je n'ai jamais manqué de rien. Ni de nourriture, ni d'amour. Et surtout ni d'argent. J'ai la joie de ne pas savoir ce que s'est que "faire attention à la fin du mois". Alors oui, je devrais être heureuse non? Mais le bonheur matériel, même si je l'ai ressentie enfant, n'est pas ce dont j'ai besoin. Mon bonheur a moi, il n'est pas solide. Il se casse à chaque coup de vent. Je ne crois pas mériter ce bonheur. Cette fameuse chose que je m'interdis aussi, inconstamment. Mais je n'arrive pas à mettre des mots sur cet interdit. Mais pour moi, je perdrais quelque chose. Ce bonheur m'amènerait, je le pense, à renoncer à une partie de moi-même. Sauf que peut être, c'est cette partie qui me fait tant souffrir que je perdrais, non?

Mon corps à moi est difforme. Pas de forme au bon endroit. Des hanches à perte de vue. Des cuisses qui vont avec. (Bonhomme Michelin, bonjour). Mon ventre est plat certes, mais ne me plait pas, à cause de ses fameuses hanches. Des bras un peu trop flasques. Mes seins sont petits, mais me conviennent. Et ma tête, n'en parlons pas... Des cheveux atroces, un nez mal formé, des boutons d'acné, ... Bref mon corps est un étranger. Je ne le comprends pas. Je ne l'ai d'ailleurs, jamais compris. Mais la chose qui m'a le plus dérangée, surtout durant mes périodes d'anorexie et de boulimie, c'est mon poids. Car mon corps est tellement étrange, qu'il stocke des kilos je-ne-sais-où.
Je m'explique. J'ai un problème avec les chiffres. (Non je ne suis pas nulle en maths, bien au contraire). Mais mon poids déraille. La balance m'annonce un poids. Un poids toujours trop haut pour moi, mais ça c'est une autre histoire. Ce poids est, malheureusement, faussé. Car mon aspect physique ne reflète pas ce réel poids. Personne n'a jamais compris. Ni les médecins, ni les nutritionnistes, ni moi. Le poids indiqué sur cet engin m'indique près de 5kg en plus par rapport à ce que je suis réellement. Les regards et les mesures ne trahissent pas. Je suis anormalement constituée donc. Je ne devrais pas faire ce poids. Est-ce le poids de la peine? Le poids d'une colère qui me ronge, qui me fait peser plus? Honnêtement, j'aimerais qu'il en soit autrement. Parce que moi, les mesures je m'en fiche. Je veux du chiffre, du chiffre et du chiffre! Comment une balance peut-elle mentir? Ou plutôt comment des dizaines de balance peuvent-elles avoir un résultat aussi faussé? Je suis perdue. Ce chiffre, c'est moi. Cette personne sur la balance ne devient alors qu'un poids. Un poids qui pèse 5kg de trop. Et donc, qui est un poids de trop sur Terre. Et ça fait mal. Je suis incomprise. Je ne me comprends pas. 

Ou un autre exemple. J'ai été malade le mois dernier. 11kg se sont envolés en 1mois. Oui je sais... Mais sans que je n'y fasse rien! Je mangeais! Et pas ce qu'il y a de plus sain. Je n'ai pas cherché à le perdre ce poids. Mais bref, j'ai seulement perdue une taille de pantalon. Après 11kg perdue, je m'attendait à plus j'avoue. Mon ventre s'est creusé certes, le S est devenu trop grand. Mais pour le bas... Presque inchangé. Pourtant c'est la partie basse de ce corps que j'aimerais voir fondre. Et ça ne me plait pas. Mon corps n'en fait qu'à sa tête. Et j'en suis malheureuse. 
Alors de là, depuis quelques jours, les pensées anorexique sont venues me rattraper. Cette petite voix est revenue. Elle me souffle que je dois m'écarter du sucre, que je dois manger le moins possible, que je dois même sauter des repas. Et puis des idées viennent aussi. Des pensées que je croyais bien loin. Evaporées. Mais la réalité est là : après chaque repas, j'ai envie de restituer tout ça. Je n'ai encore jamais refranchie le pas. Mais ces idées sont malheureusement trop présentes. Trop lourdes. Et quand une personne a des idées aussi fortes, elle finit par succomber. Succomber à la tentation. A l'interdit. Alors je tente de penser à autre chose, de m'occuper l'esprit après les repas. Mais ça m'épuise. N'est-ce pas plus facile de se laisser tenter? D'assumer ses faiblesses? Je ne veux pas rechuter malgré ça! Je me suis trop battue depuis ma sortie de la clinique soin études en juin dernier. Après 3 ans d'hospitalisation. J'ai peur. Je le sais au fond de moi. Si je ne crache pas mon venin, c'est mes tripes que je vais cracher. Pour l'instant je tiens. Pas le choix... Mais pour combien de temps? Combien d'heures? Combien de jours? Ou peut être même combien de mois? 
Je veux voir ce poids baissé, sur la balance. Le reste, l'esthétique, je m'en fiche. Enfin je crois...

Je n'aime pas mon corps. Je crois que je ne suis pas la seule. Sauf que moi, ce corps, je veux le détruire. Il n'est le reflet de rien. Ou peut être le reflet d'une immense erreur. 
Je ne crois pas qu'un jour j'y arriverais. A m'accepter. Enfin. Comme je suis réellement.

Comme un SOS, je laisse mon corps meurtri parler à ma place. J'ai baissé les bras.

Je dois maigrir.

 * Petite Humaine *

18 février 2014

Plus rien ne sera jamais comme avant

couloir_hopital

 

Tu sais toi, derrière ton écran, la vie n'est pas toujours rose. 
J'ai véçu, pensé, et fait le pire. Je suis aujourd'hui toujours en vie. La tête ensanglantée mais droite.
J'ai survéçue. A tout ça. A toute cette maladie qui m'a privée de mon adolescence et m'a projettée dans le monde des adultes un peu trop vite.
J'ai d'abord perdu pied. Sans point de rattache, j'ai très vite sombré dans une dépression qui me conduira, quelques années plus tard, à l'hopital. Anorexie. Boulimie. Tentatives de suicide. Automutilation. Rejet de la scolarité. Rejet de mon corps. Rejet des autres simplement. Car chaque personne était pour moi une phobie, un danger, voir même une souillure. Alors je me suis renfermée. Tout doucement. Sur la pointe des pieds. Avec l'espoir que quelqu'un vienne pour me sauver. Personne ne l'a fait. Alors je me suis laissée aller. Perdue dans une vie qui n'était pas la mienne.
C'est étrange à dire mais pour moi, je me suis construite seule. Mes parents ont été et sont toujours présents pour moi, m'ont donnée tout l'amour qu'ils avaient à donner. Et jamais je ne leur reprocherai ça. Mais cette différence, ce petit truc qui m'a toujours dérangé, cette dérive a laquelle j'ai toujours été confrontrée ne m'a pas aidée. Mais surtout que je n'ai jamais compris. Une douleur sans nom. Alors j'ai avancé seule. J'ai lu, beaucoup, peut être trop. Et pour moi les livres étaient mon échapatoire et ma survie. Parce que tout dans la vraie vie me parraissait compliquée. Dans les livres, je m'évadais. J'étais quelqu'un d'autre. Je m'inventais un monde qui, dans la vie réelle, m'aurait fait trop peur. Alors je rêvais de cette vie. J'ai toujours été rêveuse. Un peu tête en l'air parfois. Mais rêveuse.
Aujourd'hui je continue d'être rêveuse. Mais rêveuse de ma vie d'avant. Rêveuse peut être d'un "après". D'une envie aussi : que tout soit fini. Derrière. Etre soulagée. Vivre comme les autres. Mais mon parcours ne me le permet pas. Je le sais. Je suis bloquée. Au fond du trou. Et même si je m'en sors totalement un jour, les séquelles seront irréparables. J'ai trop vu. Trop véçu. Trop su aussi
J'ai fait de mon mieux. Je vous le promet. 
Je ne souhaite à personne de rentrer dans cet endroit. Ce lieu remplie de murs jaunatres qui m'ont fait sombrée. Même si il m'a aussi sauvée. Ce lieu où résonne les cris d'angoisse la nuit. Les embrouilles. L'inhumanité. J'ai été enfermée là-bas durant assez de temps pour connaitre cet endroit, et les personnes qui y résident, par coeur. Même les soignants ont changé de rôle. Ils ne sont pas de simples infirmiers. Ils sont aussi réanimateur. Ils tentent, chaque jour un peu plus, de réanimer des coeurs. Réanimer des envies. Réanimer l'envie de vivre surtout, un comble pour une personne qui, en arrivant, souhaitait mourir. Mais on s'y fait. Puis on s'y attache. C'est comme de la glue cet endroit là. Une fois qu'on y a été, on y retourne souvent. On se forme un cocoon qui devient alors incassable. On est piegé. Dans notre propre peine et notre propre "folie".
Pourtant j'ai toujours détesté ce mot : FOLIE. Je ne suis pas plus folle qu'un autre normalement constitué. Tout le monde a des passages à vide. Tout le monde a des obsessions, des comportements à la limite de la dérive. Mais non. Nous on est des "fous". Alors on nous enferme. A clés bien sûr. Les "fous" c'est dangereux. Mais parfois je me demande. On est dangereux pour l'extérieur, ou plutôt pour nous-même?
Les joies de l'hopital psychiatrique, pour adultes bien évidemment, se sont fait ressentir très vite. Et très tôt. J'avais alors 17ans. Le service de "psycho-pathologies" pour adolescents de mon hôpital me considérait alors comme "trop dangereuse". J'ai donc été mis sous clés. La peur au ventre. Avec des regards qui font peur. Avec des cris qui resonnent encore même loin de ces murs, et des années après. Je n'oublierai jamais. J'avais 17ans, et je suis morte. Au moment où l'on m'a enfermée. Je cherche aujourd'hui la clé. Cette clé sera la fin d'un combat. La fin d'une maladie que l'ont dit chronique. Elle s'appelle bipolarité. Je suis aujourd'hui armée, prête. Je foncerais tête baissé pour la trouver cette clé. Même si elle est à l'autre bout de la France. Ou à l'autre bout du monde. Mais une chose est sûre : elle ne gagnera pas. Elle ne gagnera plus.

Bref tout ça pour vous dire : bienvenue dans le monde d'une malade. Possédant une maladie qui m'a pris tout ce dont je possédais. Y compris mon corps. Je suis aujourd'hui devenue à moi toute seule, une maladie à taille humaine.

A bientôt.


* Petite Humaine *

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  • Face à la maladie psychique depuis 8 ans. Les hospitalisations à répétition. Je suis aujourd'hui en phase de rémission. Mais la solitude est là. Car l'entourage pense avoir compris le problème, alors qu'ils en sont bien loin...
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